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Tribunes de presse dédiées aux Bâtisseuses...

. Le 30 mars 2015, de Dammartin-en-Goële à Chalons-sur-Saône

Le maire de Chalons sur Saône vient de prendre la décision de supprimer les repas sans porc. Il invoque la laïcité, la République et le vivre ensemble. Mais aucun de ces idéaux ne défend l'idée d'écraser l'autre dans son identité intime et personnelle, au nom de la vie républicaine, laïque et collective. 


La ministre de l'éducation nationale, dans ses réactions , se limite au dispositif européen qui demande que, chaque enfant ai droit à un repas de cantine , plus tôt mou comme discours. 


Pendant ce temps défile sur les antennes de télévision publiques , frappées du logo du CSA, des spots :

" Nous sommes tous  différents. Mais notre différence c'est notre vivre ensemble". 


En fait pour les élus , de  Chalon sur Saône, comme dans biens des esprits élus ou pas, l'appartenance à la France passe par la consommation du Cochon: 


Manger du porc c'est signifier son appartenance à la France, ne pas en manger c'est marquer son exclusion de l'identité française. Identité française à laquelle on ajoutera la sauce,  républicaine et laïque, pour faire consistance.


Les enfants juifs ont connu cette histoire, du temps de leur passage à l'école publique, avant de se réfugier dans les écoles juives .


 Les élèves juifs étaient mis mains sur la tête, au milieu du réfectoire,le temps d'accepter de manger son assiette de quiche Lorraine . L'élève qui refusait se voyait mis au coin, le temps de la récréation. C'était ce qu'endurait certains élèves juifs des écoles publiques. Cela n'était pas général et relevait du bon vouloir des enseignants, chargés de surveiller la cantine. 

Il fut une époque où la cantine était surveillée, par les enseignants, qui bénéficiaient ainsi d'heures supplémentaires. 


Selon les villes ou les quartiers, la sentence était ou pas affligée. Certains enseignants, pouvaient même être flexibles et vérifier d'eux mêmes que, les élève Juifs bénéficiaient du respect de leur conviction et de celle de leur famille. D'office la viande de porc était retirée, des assiettes. Les élèves étaient servis, un peu plus abondamment, en légumes et féculents. 


Il arrivait même que pendant la pâque juive, des plats de pomme de terre et salade verte, soient servis, aux élèves juifs qui pendant cette période suivent de interdits alimentaires, encore plus larges . 


Aucun plat de substitution n'était alors proposé, juste des arrangements pour permettre de "vivre ensemble". 


Mais ces dispositions relevaient du bon vouloir et cette bienveillance était limitée à certains arrondissements parisiens , où le nombre d'élèves juifs affleuraient les 30% d'élèves. 


Les villes et les écoles qui comptaient quelques égarés juifs avaient alors beaucoup moins d'égard. 

Les remarques  étaient cinglantes:

 "ici on n'est pas en Israël" ou "si tu ne veux pas manger à la cantine , ta mère n'a qu'à venir te chercher" 

Il faut préciser que dans ces cas, père et mère travaillaient et comble de l'ironie , enseignants tous les deux. 


Le pire fut vécu dans un pensionnat de l'éducation nationale à Damartin- en -Goële, l'année scolaire 1964-1965. Dans cette ville, de Seine et Marne dont tout un chacun connait le nom aujourd'hui, suite aux drames des attentats de janvier .  Le nom de cette ville a résonné toute une vie  dans les oreilles d'une ancienne élève de maternelle, comme son pire cauchemar. 


 Un soir de cet hiver 1964, fut servi une tranche de jambon , en hors d'oeuvre suivi d'un potage de légumes. Cette jeune enfant savait qu'elle ne devait pas manger de cette charcuterie, Elle était là parce que son père professeur , avait été nommé en Province . Sa mère également professeure, en classes préparatoires avait une heure de trajet . Un autre enfant de 2ans était à la maison avec une grand-mère de 80 ans pour assurer la garde. Il fallait le temps de trouver, une fille au pair, mettre la jeune élève en sécurité , c'est du moins ce que pensait sa mère. 


Ce soir d'hiver , elle refuse  de manger le jambon.D'un ton autoritaire, une enseignante a découpé dans le potage , la tranche de charcuterie et a intimé: 


"Maintenant tu manges!"

"Non" a répondu la petite fille.

Alors on a mis de force la cuillère dans la bouche , puis une seconde cuillère. 

Les larmes coulaient , puis la petite fille a vomi, dans son assiette. 

Elle fut empoignée d'une geste intempestif, mise pieds nus , dans le noir, dans la cour du pensionnat, son assiette de vomi entre les mains . La porte du réfectoire a claqué sur les pas de l'enseignante qui a dit: 


"Tu rentreras quand tu auras mangé!" 


Dans cette cour , il faisait noir et froid, l'élève juive était en chemise de nuit. Au premier étage, les lumières se sont allumées, l'infirmière à ouvert une fenêtre pour fermer les volets, elle a vu l'enfant et s'est écriée:


"Mais elles sont folles!"


Elle désignait ainsi ses collègues enseignantes.


Ella a dévalé les escaliers, fait rentrer la petite fille. 


Une heure plus tard, police secours arrivait, la petite fille faisait une hémorragie. 

Rien ne sera jamais dit à ses parents qui la récupéreront à l'hôpital de Meaux. 

Pendant des années, les hémorragies reviendront sporadiquement , sans explications médicales , aucun médecin ne comprenait. 


Elle attendra d'avoir 20 ans pour raconter à sa mère ce qui s'était passé ce soir là. 

"Pourtant, c'était du personnel très qualifié, choisis exprès pour les enfants des collègues." 

fut le commentaire maternel qui semblait ébahi du récit de sa fille.



La souffrance de ces moments est inscrites physiquement et psychiquement, de façon indélébile et provoque une fragilité qui s'est à nouveau réveillée, suite aux attentats de janvier. 

J'ai été cette petite fille. 


Je ne souhaite à aucun enfant musulman d'endurer et de se construire dans cette humiliation qui peut mener à la maltraitance et à ses séquelles, tant physiques que psychiques. 


Il n'y a aucune identité républicaine ou laïque dans l'obligation de faire consommer des aliments interdits à un Musulman, un Juif ou à un élève quelle que  soit sa croyance.  Il y a un refus bête et méchant d'accepter la différence de l'autre. 


Sans entrer dans des complexités insolubles , des repas végétariens , seraient la solution équitable.

Quelque soit la solution choisie,  elle doit garantir aux enfants musulmans , comme  à tous les enfants , le  respect et l'attention dans leur vie scolaire.


Annie-Paule Derczansky

. Le 20 mars 2013, combattre l'antisémitisme.

 

 

 

 

 

Tribune du journal en ligne Huffington Post.

 

COMBATTRE L'ANTISÉMITISME, le 20 mars 2013.
2013-03-13-dossier-huffingtonpost.pdf
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. Le 3 juin 2004, L'antisémitisme ne peut se diviser.

 

 

 

 

 

Tribune du journal L'Humanité, par Annie-Paule DERCANSKY.

L'ANTISÉMITISME NE PEUT SE DIVISER, le 3 juin 2013
2004-06-03-article-humanite.pdf
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